Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/83

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alloient habiter. Vivre même sans se voir, dans des provinces voisines, vivre dans le même empire, lui eût paru un vrai bonheur, en comparaison de cette horrible distance.

Son agitation fut si forte, en réfléchissant sur son état et sur l’idée de ne plus voir Valancourt, qu’elle se sentit prête à perdre ses sens ; elle chercha des yeux quelque chose qui la ranimât ; elle vit la fenêtre, et eut assez de force pour l’ouvrir et s’y reposer : l’air ranima ses forces, le clair de la lune, qui tomboit sur une longue avenue d’ormes au-dessous d’elle, l’invita à essayer si ses mouvemens et le grand air ne calmeroient pas l’irritation de tous ses nerfs. Tout le monde dans le château étoit couché : Emilie descendit le grand escalier, traversa le vestibule, d’où un passage conduisoit au jardin ; elle avance doucement, ne voit personne, ouvre la porte et entre dans l’allée. Emilie marchoit avec plus ou moins de vitesse, selon que les ombres la trompoient ; elle croyoit voir quelqu’un dans l’éloignement, et craignait que ce ne fût un espion de madame Montoni. Cependant le désir de revoir ce pavillon où elle avoit passé tant de momens heureux avec Valancourt, où elle avoit admiré avec lui