Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien solide. Les plus flatteuses espérances nous abusent. Les plus sages y sont trompés. Qui eût prévu, quand j’épousai monsieur Montoni, que je me repentirois de ma générosité ?

Emilie pensoit bien qu’elle auroit pu le prévoir ; mais ce n’étoit pas une idée de malignité. Elle s’assit près de sa tante, prit sa main ; et de cet ait compatissant qui indiqueroit un ange gardien, elle lui parla dans l’accent le plus tendre. Tous ses discours ne calmoient point madame Montoni. Impatiente de parler, elle ne vouloit rien entendre. Elle avoit besoin de se plaindre encore plus que d’être consolée ; et ce fut seulement par ses exclamations qu’Emilie en connut la cause particulière.

— Homme ingrat ! dit madame Montoni, il m’a trompée de toute manière. Il a su m’arracher à ma patrie, à mes amis ; il m’enferme dans ce vieux château, et il pense me forcer à plier à tous ses desseins ! Il verra bien qu’il s’est trompé ; il verra bien qu’aucune menace ne peut m’engager à… Mais qui donc l’auroit cru ? qui l’auroit supposé, qu’avec son nom, son apparente richesse, cet homme n’avoit aucune fortune ? non, pas un sequin qui lui appartint ! J’avois fait pour le mieux : je le croyois