Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réelle, et méprisant les phrases communes, elle aima mieux garder le silence ; mais madame Montoni jalouse de toute son importance, prit ce silence pour celui de l’indifférence ou du mépris, et reprocha à Emilie l’oubli de ses devoirs et le manque de sentiment.

Oh ! comme je me défiois de cette sensibilité si vantée quand on la mettroit à l’épreuve ! reprit-elle ; je savois bien qu’elle ne vous enseigneroit ni tendresse, ni affection pour des parens qui vous ont traitée comme leur fille.

— Pardonnez-moi, madame, dit Emilie avec douceur ; je me vante peu, et si je le faisois, je ne me vanterois pas de ma sensibilité, c’est un don peut-être plus à craindre qu’à désirer.

— C’est à merveille, ma nièce, je ne disputerai point avec vous ; mais comme je le disois, Montoni m’a menacée avec violence, si je refuse plus long-temps de lui signer l’abandon de mes contrats, c’étoit le sujet de notre contestation quand vous êtes entrée ce matin. Je suis maintenant déterminée ; nul pouvoir sur la terre ne pourra m’y contraindre ; je n’endurerai point tous ces procédés de sang-froid ; il apprendra de moi ce que c’est que son caractère : je lui dirai