Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/116

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tout ce qu’il mérite, en dépit de sa menace et de sa férocité.

— Emilie profita d’un moment de repos pour parler à son tour : Madame, dit-elle, vous ne feriez que l’irriter sans aucune nécessité ; ne provoquez pas au moins le cruel traitement que vous craignez de lui.

— Tout m’est égal, répliqua madame Montoni, je ne m’y soumettrai jamais ; vous me conseilleriez, je suppose, de me dessaisir de mes contrats ?

— Non, madame, ce n’est pas précisément ce que j’entends.

— Qu’entendez-vous ?

— Vous parliez d’adresser des reproches à M. Montoni, dit Emilie en hésitant. — Ne mérite-t-il pas des reproches ? reprit sa tante.

— Bien certainement il en mérite : mais seroit-il prudent à vous, madame, de lui en faire ?

— Prudent, s’écria madame Montoni ! il est bien temps de parler de prudence quand on se voit menacé d’une violence inouie.

— C’est pour éviter cette violence que la prudence est nécessaire, dit Emilie.

— De prudence ! continua madame Montoni sans l’écouter : de prudence envers un homme qui, sans scrupule, rompt avec moi