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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/122

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ils s’en iront. Monsieur a ordonné au vieux Carlo de leur porter tout ce qu’il leur faudroit. Ils se sont déjà promenés tout autour du château, et ont fait des questions aux ouvriers qui travaillent aux remparts. Je n’ai vu de ma vie de pareils visages ; ils font peur à voir.

Emilie s’informa si elle avoit entendu parler du comte Morano, et s’il étoit en train de guérir. Annette savoit seulement qu’il étoit établi dans une chaumière, et que chacun disoit qu’il n’en reviendroit pas. Tous les traits d’Emilie marquèrent son émotion.

Ma chère demoiselle, dit Annette, comme les jeunes personnes se déguisent lorsqu’il leur arrive d’aimer ! Je pensois que vous haïssiez le comte, ou bien je ne vous aurois pas dit cela : je n’ignore pas que vous devez le haïr.

Je me flatte que je ne hais personne, dit Emilie en tâchant de sourire ; mais certainement je n’aime pas le comte Morano. Je serois frappée de même en apprenant la mort violente de qui que ce fût.

— Oui, mademoiselle ; mais c’est sa faute.

Emilie parut mécontente. Annette se méprit sur ses motifs, et commença à excuser