Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/138

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aux concerts, et se rappeloit en soupirant les accens d’Emilie ; le charme naturel de son expression n’attendoit pas, le suffrage de l’examen, et trouvoit d’abord le chemin du cœur.

On jouoit gros jeu chez la comtesse ; elle paroissoit vouloir qu’on le modérât, et l’encourageoit secrètement. Il étoit reconnu que les profits du jeu soutenoient sa maison.

Le frère de Valancourt, qui résidoit avec sa famille en Gascogne, s’étoit contenté de l’adresser à Paris à quelques-uns de ses païens. Tous étoient des gens distingués ; mais l’extérieur, l’esprit, les manières du jeune Valancourt étoient faits pour réussir. Ils le reçurent avec autant d’égards que leurs cœurs endurcis par une perpétuelle prospérité, pouvoient encore le leur permettre. Mais leurs attentions pourtant ne s’étendirent point à des preuves réelles d’intérêt. Trop occupés de leur ambition pour suivre sa conduite, il fut livré sans guide à tous les dangers de Paris, avec des passions ardentes, avec un caractère ouvert et franc. Emilie, dont la présence l’eût préservé en rappelant son cœur à un objet digne de lui, Emilie étoit absente. C’étoit même pour échapper au regret de l’avoir perdue,