et contrariée.) Eh bien ! mademoiselle, comme je le disois, ces préparatifs autour du château, ces gens si singuliers qui abondent ici tous les jours, et la manière cruelle dont le Signor traite ma maîtresse, et ses bizarres allées et venues ; tout cela, comme je l’ai dit à Ludovico, tout cela n’annonce rien de bon. Il m’a bien recommandé de retenir ma langue. Oui, sans doute, le signor est bien changé de ce qu’il étoit en France. Il étoit si gai ! personne de si galant pour madame ! Il ne dédaignoit pas même une pauvre fille comme moi. Je me souviens qu’une fois, comme je sortois du cabinet de ma maîtresse : Annette, dit-il…
Ne répétez jamais ce que vous dit le signor, interrompit Emilie ; mais dites-moi bien vite ce qui vous a tant alarmée.
Oui, mademoiselle, reprit Annette ; c’est justement ce que me dit Ludovico : Ne répétez jamais ce que le signor vous a dit. Mais je continuai, et je lui dis : Il est toujours à froncer le sourcil. Si on lui parle, il n’écoute pas. Il passe toute la nuit en conseils avec les signors ; ils y sont quelquefois jusqu’à plus de minuit, toujours à conférer ensemble. Oui ; mais, dit Ludovico, vous ne savez pas ce qui les occupe. Non, dis-je, mais je le devine ; c’est au sujet de la jeune