Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/149

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ridor. — Emilie, dont les esprits avoient été si vivement émus, et qu’effrayoit la pensée de passer la nuit toute seule, lui répondit qu’elle pouvoit rester avec elle. — Oh ! non, mademoiselle, dit Annette, pour mille sequins, à présent, je ne dormirois pas dans cette chambre.

Emilie d’abord, voulut tourner en ridicule des frayeurs qu’elle partageoit bien ; ensuite elle s’efforça de la calmer, rien n’y réussit. Annette soutint constamment que ce qu’elle avoit vu n’avoit rien d’humain. Emilie qui se rappeloit à son tour les pas qu’elle avoit entendus dans l’escalier, insista pour qu’Annette passât la nuit avec elle ; elle ne l’obtint qu’avec une extrême peine, et l’effroi de cette fille pour repasser le corridor, fut plus persuasif qu’Emilie.

De bonne heure le lendemain, Emilie traversant la salle pour aller aux remparts, entendit un bruit dans la cour et le mouvement de plusieurs chevaux ; ce tumulte excita sa curiosité. Sans aller sur le rempart, elle apperçut d’une fenêtre élevée, dans la cour, une troupe de cavaliers ; leur uniforme étoit bizarre et leur armement bien complet, quoique différent. Ils portoient une courte jaquette, rayée de noir et d’écarlate ; plusieurs avoient de grands manteaux