Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/156

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d’effroi, le pria d’épargner sa tante. Madame Montoni, frappée de crainte et remplie d’indignation, tantôt vouloit se répandre en imprécations, tantôt se joindre aux intercessions d’Emilie. Montoni les interrompit avec un serment effroyable, et se retira brusquement d’Emilie qui s’attachoit à son manteau ; elle tomba sur le plancher avec tant de violence, qu’elle reçut un coup dans le front. Il sortit néanmoins sans daigner la relever. Emilie fut rappelée à elle par un long gémissement de madame Montoni. Emilie courut à son secours, elle vit ses yeux hagards et tous ses traits en convulsion.

Elle lui parla sans recevoir de réponse ; mais les convulsions redoublèrent, et Emilie fut obligée d’aller chercher du secours. En traversant la salle pour demander Annette, elle trouva Montoni, lui dit ce qui se passoit, et le conjura de rentrer et de consoler sa tante. Il poursuivit son chemin avec un air d’indifférence ; enfin elle rencontra le vieux Carlo qui venoit avec Annette ; ils rentrèrent dans le cabinet, et portèrent madame Montoni dans la chambre voisine. On la mit sur son lit, et tout ce que leurs forces réunies pouvoient faire, c’étoit de la tenir dans ce cruel état. Annette trembloit et sanglotoit ; le vieux