Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’échapper, mais épuisée de foiblesse, elle se remit sur un des bancs. Elle ne pouvoit porter ses regards, ni sur l’objet malheureux qu’on avoit mis près d’elle, ni sur les hommes qui l’entouroient, et qui ne l’avoient pas apperçue.

Elle remonta chez elle aussi vîte qu’elle le put, en prenant des détours obscurs et multipliés.

Elle s’assit auprès de la fenêtre ; elle écoutoit attentivement et regardoit sur le rempart, et tout néanmoins étoit désert et paisible.

Son intérêt pour madame Montoni devenoit toujours plus puissant ; elle se rappeloit que Montoni l’avoit menacée fièrement d’être enfermée dans la tour de l’est ; il étoit possible qu’une telle punition eût satisfait la vengeance de son époux. Elle résolut, quand la nuit seroit venue, de chercher un chemin vers la tour. Elle savoit, à la vérité, qu’elle ne pourroit secourir efficacement sa tante ; mais ce seroit toujours une consolation pour elle dans sa triste prison, que d’entendre la voix de sa nièce.

Les heures passèrent ainsi dans la solitude et le silence. Aucun message, aucun bruit : il lui sembla que Montoni l’avoit totalement oubliée.