Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/176

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Le soleil cependant disparut derrière les montagnes ; ses rayons étincelans s’évanouirent sur les nuages ; un pourpre sombre et foncé brunit graduellement l’atmosphère, et déroba le paysage… Bientôt après les sentinelles se placèrent, et la veille de nuit commença.

L’obscurité de la chambre ramena l’effroi dans les sens d’Emilie. Penchée sur la fenêtre, mille images différentes assaillirent son esprit. Eh quoi ! se disoit-elle, si quelqu’un de ces brigands, au milieu des ténèbres de la nuit, s’introduisoit dans ma chambre ! Puis se rappelant l’habitant mystérieux de la chambre voisine, sa terreur eut un autre objet. Ce n’est pas un prisonnier, disoit-elle, quoiqu’il reste caché dans cet appartement ; ce n’est pas Montoni qui ferme sa porte en le quittant, c’est l’inconnu qui lui-même a pris ce soin.

Au reste, elle réfléchit qu’il étoit peu probable que la personne, quelle qu’elle fût, eût intérêt à la troubler ; mais elle se rappela combien la chambre du voile, où s’étoit offert à ses yeux un si terrible spectacle, étoit voisine de son appartement ; elle soupçonnoit même que la porte de l’escalier devoit communiquer en ce lieu.

Le voile de la nuit étoit étendu ; Emilie