Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/195

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on n’avoit rien su d’elle ; et son esprit fut frappé d’une sorte de crainte. Il n’y avoit nulle liaison apparente entre cet événement et la musique qu’elle venoit d’entendre, et pourtant elle crut que ces deux choses se tenoient par quelque lien secret. À cette idée une sueur froide la saisit : elle porta des yeux égarés sur l’obscurité de sa chambre, et le silence morne qui y régnoit ne fit qu’affecter de plus en plus son imagination.

À la fin elle quitta la fenêtre ; mais ses jambes lui manquèrent en approchant de son lit. Elle s’arrêta, et regarda autour d’elle. Sa lampe, seule lumière qui éclairât ce vaste appartement, étoit prête à s’éteindre ; elle frémit de l’obscurité où elle alloit se trouver. Honteuse bientôt de sa foiblesse, elle se remit au lit, et ne put y trouver le sommeil. Elle rêva sur le nouvel incident qui venoit de se présenter, et résolut d’attendre la nuit suivante à la même heure, pour épier le retour de la musique. Si ces accords sont humains, disoit-elle, probablement ils se feront encore entendre.