tendu aucune musique depuis votre arrivée ici, nommément la nuit dernière ?
— Quoi ! mademoiselle, en auriez-vous entendu cette nuit ?
Emilie éluda la question, en répétant la sienne.
Qui ! moi ! Non, mademoiselle, reprit Annette ; je n’ai jamais entendu de musique ici, excepté, veux-je dire, celle des tambours et des trompettes. Et quant à cette nuit, je n’ai fait que songer que je voyois revenir ma défunte maîtresse.
— Votre défunte maîtresse, dit Emilie d’une voix tremblante, vous en savez donc davantage. Dites-moi, dites-moi tout, Annette, je vous en prie ; dites-moi tout-à-la-fois ce qu’il y a de plus affreux.
— Mais, mademoiselle, vous le savez déjà.
— Je ne sais rien, dit Emilie.
— Vous le savez, mademoiselle ; vous savez bien que personne ne sait ce qu’elle est devenue : il est donc clair qu’elle a pris le même chemin que l’ancienne dame du château. Personne n’a jamais entendu parler de celle-là.
— Emilie appuya sa tête sur sa main, et garda quelque temps le silence. Elle dit ensuite à Annette qu’elle desiroit d’être seule, et Annette sortit aussi-tôt.