Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La remarque d’Annette avoit ranimé les terribles soupçons d’Emilie sur le destin de madame Montoni ; elle résolut de faire un second effort pour obtenir sur ce sujet une certitude, et de s’adresser encore une fois à Montoni.

Quand Annette revint, au bout de quelques heures, elle dit à Emilie que le portier du château desiroit de lui parler, et qu’il avoit quelque chose d’important à lui révéler. Ses esprits, depuis quelque temps avoient éprouvé tant de secousses, que la plus légère circonstance suffisoit pour les agiter. Ce message d’abord la surprit ; il lui fit ensuite redouter quelque danger, quelque piège. Elle avoit remarqué souvent l’air et le maintien farouches de cet homme. Elle hésita si elle consentiroit, imaginant même que cette proposition n’étoit qu’un prétexte pour la précipiter dans quelque nouveau malheur : une courte réflexion lui en fit voir l’improbabilité, et elle rougit de sa foiblesse.

— Je lui parlerai, Annette, répondit-elle ; faites-le monter dans le corridor.

Annette partit, et revint bientôt après.

— Bernardin, mademoiselle, lui dit-elle, n’ose pas venir dans le corridor ; il craint d’être apperçu. Il seroit trop loin de son poste : il n’ose même pas le quitter, en