Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la suivre jusqu’à la porte de la galerie, et d’y attendre son retour. Elle sortit de sa chambre. Le château étoit dans le calme, et la grande salle, récemment le théâtre du tumulte le plus affreux, ne résonnoit alors que des pas solitaires de deux figures timides qui se glissoient entre les piliers à la foible clarté d’une lampe. Emilie, abusée par les ombres prolongées des colonnes et par les renvois de la lumière, s’arrêtoit souvent, et croyoit voir dans l’ombre quelque personne qui s’éloignoit. En passant auprès de ces piliers, elle craignoit d’y porter la vue, s’attendant presque à voir sortir quelqu’un caché derrière. Elle se trouva enfin à l’extrémité de la galerie sans que personne l’eût dérangée ; elle ouvrit en tremblant la porte extérieure, pria Annette de ne pas s’en éloigner, et de la tenir même un peu ouverte, afin d’entendre au cas qu’elle l’appelât. Elle lui remit la lampe qu’elle n’osoit emporter à cause des sentinelles, et entra seule sur la terrasse obscure. Le calme étoit si absolu, que le bruit de ses pas légers pouvoit être entendu des gardes. Elle marchoit avec précaution vers le lieu convenu, écoutant avec attention, et cherchant Bernardin au travers des ténèbres. Elle tressaillit enfin au son d’une voix basse qui parloit au-