Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/219

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que depuis ce temps j’en aie ouvert la bouche : ainsi n’ayez pas peur de me dire le vôtre. — Il ne le voulut pas. — Alors, mademoiselle, j’allai jusqu’à lui offrir un beau sequin tout neuf que m’a donné Ludovico, et que je n’aurois pas lâché pour toute la place Saint-Marc. Cela n’a servi de rien. Quelle peut en être la raison ? Mais j’imagine, mademoiselle, que vous savez qui vous allez voir ?

— Bernardin vous l’a-t-il dit ?

— Eh non ! mademoiselle, il ne me l’a pas dit.

Emilie demanda de qui elle le savoit ; mais Annette lui fit voir qu’elle pouvoit garder un secret.

Pendant le reste du jour, l’esprit d’Emilie fut en proie aux doutes, aux craintes, aux déterminations contraires. Devoit-elle suivre Bernardin ? devoit-elle se confier à lui, sans savoir à peine où il la conduiroit ? La pitié pour sa tante, l’inquiétude pour elle-même, tour-à-tour changeoient ses idées, et la nuit vint avant qu’elle eût pris un parti. Elle entendit l’horloge frapper onze heures, frapper minuit, et elle hésitoit encore. Le temps néanmoins s’écoula ; on ne pouvoit plus hésiter. L’intérêt de sa tante surmonta tout. Elle pria Annette de