regardois par une grille dans la tourelle du nord, quand les voitures sont arrivées ; je ne m’attendois pas à une vue si désirée dans cette affreuse citadelle. Mais à présent il y a des maîtres, des domestiques ; on peut encore voir un peu de mouvement. Oh ! j’étois prête à m’élancer, à travers ces vieux barreaux serrés ; j’étois si joyeuse ! Oh ! qui auroit pensé à revoir un visage chrétien dans cette maison perdue ? J’aurois baisé les chevaux qui nous avoient amené tout ce monde.
— C’est bon, Annette ; je me trouve déjà beaucoup mieux.
— Oui, mademoiselle, je vois cela. Oh ! tous les domestiques vont mener joyeuse vie ! Nous irons danser et chanter dans la petite salle, parce que là, monsieur ne pourra pas nous entendre. Et puis les drôles d’histoires ! Ludovico est arrivé, mademoiselle ; Ludovico est venu avec eux. Vous vous souvenez de Ludovico, mademoiselle ? un grand jeune homme, bien fait, le domestique du signor Cavigni. C’est lui qui porte toujours son manteau avec tant de grâces, replié autour du bras gauche ; c’est lui qui met son chapeau si cavalièrement, tout d’un côté, et…