Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/55

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maintien, que madame Montoni fut offensée de l’appercevoir. Exciter la pitié de sa nièce, étoit un cruel affront pour son orgueil. Elle la congédia dès qu’elle le put. Emilie ne lui parla point de son extrême répugnance à se trouver dans l’isolement de sa chambre. Elle demanda seulement qu’il lui fût permis de garder Annette jusqu’à l’instant où elle se coucheroit. On y consentit avec quelque peine ; et comme Annette étoit alors avec les domestiques, il fallut bien qu’Emilie se retirât seule.

Elle traversa les longues galeries d’un pas léger. La lueur vacillante de la lampe qu’elle portoit, ne servoit qu’à lui rendre plus sensible l’obscurité qui l’environnoit, et l’air, à tout moment, menaçoit de la souffler. Le silence morne qui régnoit dans cette partie du château, la glaçoit totalement. Pourtant elle entendoit, par intervalle, les éclats de rire qui partoient de la salle reculée où les domestiques s’étoient réunis. Mais le même silence succédoit : il ne restoit qu’un calme absolu. En passant devant l’enfilade qu’elle avoit visitée le matin, ses regards tombèrent avec effroi sur la porte. Elle crut presqu’entendre quelques sons ; mais elle se garda de s’arrêter pour en devenir plus certaine.