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rapports trompeurs qu’on avoit faits à Annette, et qui sans doute avoient un principe, quoiqu’il semblât que Montoni eût dû chercher à maintenir à cet égard un silence absolu. Elle sentit néanmoins que le sujet étoit trop affreux pour s’en occuper à une pareille heure. Elle s’efforça de l’éloigner de sa pensée, et de s’entretenir avec Annette, dont la conversation simple et naïve lui sembloit préférable à une solitude absolue.

Elles restèrent là jusqu’à près de minuit, mais non pas sans qu’Annette eût plusieurs fois voulu se retirer. Le bois étoit presque entièrement brûlé. Emilie entendit de loin retomber les portes de la salle, comme si on les eût fermées pour la nuit. Elle se prépara à se mettre au lit ; mais elle vouloit encore qu’Annette ne la quittât pas ; à cet instant, la cloche, de la porte sonna : elles écoutèrent avec effroi. Après une très-longue pause, on l’entendit sonner encore ; bientôt on reconnut le bruit d’un carrosse dans la cour ; Emilie se jeta presque sans vie sur sa chaise : c’est le comte, dit-elle.

— Quoi, à cette heure ! mademoiselle, dit Annette ; non, ma chère demoiselle ; mais en tout cas, c’est prendre un singu-