Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/66

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la droite du passage ; elle avança et écouta. À peine fut-elle à la seconde, qu’elle entendit une voix et un accent de plainte ; elle écoutoit toujours et ne vouloit ni ouvrir la porte ni s’en éloigner. Elle reconnut des soupirs convulsifs et les plaintes d’un cœur au désespoir. Emilie pâlit, et considéra dans une pénible attente les ténèbres qui l’entouroient ; les lamentations continuoient ; la pitié vainquit la terreur : il étoit possible que ses soins pussent être utiles à l’infortuné qui gémissoit, ou que du moins sa compassion pût le consoler. Elle posa la main sur la porte ; tandis, qu’elle hésitoit, elle crut reconnoître cette voix qu’altéroient les tons de la douleur. Elle posa sa lampe dans le passage, et ouvrit la porte sans bruit : tout étoit sombre, excepté un cabinet reculé où paroissoit une seule lumière. Elle se glissa doucement ; elle vit madame Montoni appuyée sur sa toilette, et fondant en larmes, un mouchoir sur les yeux : elle resta immobile d’étonnement.

Il y avoit un homme assis auprès du feu, mais elle ne put le distinguer ; de temps en temps, il disoit d’une voix basse, quelques mots, et Emilie ne pouvoit les entendre. Mais alors madame Montoni pleuroit encore bien plus. Trop occupée de sa douleur, elle