Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/67

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n’apperçut point Emilie ; cette dernière eût bien désiré deviner la cause de cette scène, et reconnoître celui qui se trouvoit à cette heure dans le cabinet de sa tante : elle ne voulut pourtant point ajouter à ses douleurs en surprenant son secret, et profiter de la circonstance pour écouter son entretien. Elle se retira avec précaution ; et, quoiqu’avec difficulté, retrouva son appartement, où des intérêts plus directs lui firent oublier sa surprise.

Annette revint cependant sans avoir de réponse satisfaisante. Les domestiques qu’elle avoit vus ignoroient ou feignoient d’ignorer le temps que le comte devoit rester au château : ils ne parloient que des mauvais chemins qu’ils venoient de parcourir, des dangers qu’ils avoient courus, et exprimoient leur étonnement de ce que leur maître faisoit une pareille route au milieu de la nuit ; ils assuroient que toutes leurs torches n’avoient servi qu’à distinguer l’horreur de ces montagnes. Annette, qui n’en pouvoit rien tirer, prit le parti de les laisser parler et demander à grands cris plus de bois dans la cheminée et plus de mets sur la table.

— À présent, mademoiselle, ajouta-t-elle, je suis si endormie ! Si vous l’étiez au-