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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/72

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tant assez d’empire sur elle pour retenir le cri prêt à lui échapper, et laisser retomber son rideau. Elle observoit avec silence cet objet mystérieux. Il sembloit se glisser dans les parties les plus sombres de la chambre, s’arrêter quelquefois ; et quand il s’approcha de la cheminée, Emilie vit à la lumière que c’étoit une figure humaine. Un souvenir, qui frappa son esprit, acheva presque de la faire succomber. Elle continua cependant à observer cette figure, qui resta long-temps sans mouvement, et qui, s’avançant jusqu’auprès du lit, s’arrêta doucement vers le pied. Les rideaux, un peu entr’ouverts, permettaient bien à Emilie de la suivre de l’œil ; mais la terreur dont elle étoit saisie la privoit de toute faculté, et ne lui laissoit pas la force de faire un mouvement.

Après un instant de repos, la figure revint à la cheminée, prit la lampe, l’éleva, considéra la chambre, et se rapprocha lentement du lit. La lumière, à ce moment, éveilla le chien, qui dormoit aux pieds d’Emilie ; il aboya fortement, et, sautant par terre, courut à l’étranger. On le repoussa avec une épée couverte de son fourreau ; on s’avança vers le lit, Emilie reconnut le comte Morano.