Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu vous outrager : vous devez savoir qu’il n’a pas droit de disposer de ma main, quand même il en auroit eu le pouvoir. Laissez-le, quittez ce château ; vous le pouvez avec sûreté. Épargnez-vous les affreuses conséquences d’une vengeance injuste, et le remords certain d’avoir prolongé mes souffrances.

— Est-ce pour ma sûreté ou pour celle de Montoni que vous sentez ces vives alarmes, dit Morano froidement, et la regardant avec amertume ?

— Pour l’une et l’autre, dit Emilie d’une voix tremblante.

— Une injuste vengeance, s’écria le comte, en reprenant subitement le ton et l’éclat de la passion ! Qui peut voir ce visage, et croire un châtiment quelconque proportionné à l’offense que l’on m’a faite ? Oui, je quitterai ce château, mais je n’en sortirai pas seul. Je serois victime trop long-temps ; mes prières, mes larmes n’ont pu rien obtenir, la force l’emportera. Mes gens m’attendent ; ils vous porteront à ma voiture ; vos cris seront inutiles ; personne ici ne peut les entendre. Soumettez-vous donc en silence, et laissez-vous conduire.

Cette injonction étoit peu nécessaire. Emilie était trop certaine que sa voix ne