Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/81

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seroit point entendue ; la frayeur l’avoit tellement troublée, qu’elle ne savoit comment fléchir le comte. Elle restoit sur sa chaise, muette et tremblante, il s’avança pour la soulever ; elle se leva aussi-tôt, et le repoussant avec une apparence de sérénité : Comte Morano, dit-elle, je suis maintenant en votre pouvoir, mais observez qu’une pareille conduite ne peut vous acquérir l’estime dont vous prétendez être digne. Vous vous préparez mille remords dans les chagrins d’une orpheline sans amis, qui ne peut plus vous éviter. Croyez-vous donc votre cœur si endurci, que vous puissiez être témoin insensible des cruelles souffrances auxquelles vous allez me condamner ?

Emilie fut interrompue par le murmure de son chien, qui se jeta une seconde fois hors du lit ; Morano regarda l’escalier, et n’y voyant personne, il cria à haute voix : Césario !

Emilie, lui dit-il ensuite, pourquoi me forcez-vous d’employer un pareil moyen ? Oh ! combien j’aimerois mieux vous engager que vous contraindre à devenir ainsi mon épouse ! mais, par le ciel, je ne souffrirai pas que Montoni vous vende à un autre. Une pensée, cependant, déchire