Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/83

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Un homme parut à la porte de l’escalier, on entendit les pas de quelques autres. Emilie poussa un grand cri, pendant que Morano l’entraînoit à travers la chambre ; à l’instant elle entendit du bruit à la porte qui ouvroit sur le corridor. Le comte s’arrêta, comme s’il eût hésité entre l’amour et la vengeance ; la porte s’ouvrit, et Montoni, suivi du vieil intendant et de quelques autres personnes, se précipita dans la chambre.

— En garde, cria Montoni. Le comte n’attendit point un second défi ; il remit Emilie à ses gens, qui remplissoient tout l’escalier ; et se retournant avec fierté : C’est à ton tour, infâme, dit-il en fondant sur lui, Montoni para le coup, et chercha lui-même à frapper ; quelques-uns des assistans tentèrent de les séparer, d’autres arrachèrent Emilie aux gens de Morano.

— Est-ce pour cela, comte Morano, dit Montoni d’un ton d’ironie ; est-ce pour cela que je vous recevois sous mon toit et que je vous permettois à vous, mon ennemi déclaré, d’y passer la nuit ? Étiez-vous venu pour récompenser mon hospitalité par une indigne trahison, et m’enlever ainsi ma nièce ?

— Que celui qui parle de trahison, ré-