Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/84

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pliqua Morano avec une véhémence concentrée, ose se montrer sans rougir. Montoni, vous êtes un infâme : s’il y a trahison dans cette affaire, c’est vous seul qui en êtes l’auteur. Si je disois, moi, moi que vous outragiez avec une bassesse sans exemple, moi que vous offensiez au-delà de toute mesure ! mais à quoi sert tout ce verbiage… Viens, lâche, et reçois justice de ma main.

— Lâche ! cria Montoni échappant à ceux qui le retenoient, et courant sur le comte. Ils sortirent dans le corridor, et le combat fut si furieux, que personne n’osoit approcher. Montoni juroit d’ailleurs que, si quelqu’un s’avançoit, il périroit dans l’instant sous ses coups.

La jalousie, la vengeance prêtoient à Morano leur rage et leur aveuglement. Montoni, de sang-froid, habile, et se possédant, avoit l’avantage. Il blessa son adversaire. Les domestiques de celui-ci tâchèrent de l’entraîner. Rien ne put le résoudre à quitter ; et sans égard pour sa blessure, il voulut prolonger le combat. Il sembloit insensible à sa douleur, à la perte de son sang ; il paroissoit ne vivre que de sa colère. Montoni, au contraire, étoit prudent autant que brave. Il fut atteint au bras par l’épée de Morano ; mais à l’instant