Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/85

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il lui fit lui-même une large blessure, et d’un coup de fouet, fit voler au loin son épée. Le comte tomba entre les bras de son valet-de-chambre. Montoni, lui appuyant son épée sur la poitrine, voulut l’obliger à lui demander la vie. Morano succombant a sa blessure, eut à peine répliqué par un geste, et par quelques mots, qu’il n’y consentoit pas, qu’il s’évanouit. Montoni, cependant, alloit lui plonger l’épée dans le sein. Cavigni lui arrêta le bras. Il ne céda pas sans une extrême peine ; mais en voyant son ennemi renversé, sa figure devint presque noire, et il ordonna qu’on l’emportât sur-le-champ hors du château.

À cet instant, Emilie qui n’avoit pu sortir de sa chambre pendant tout cet affreux tumulte, Emilie vint au corridor, et plaida pour l’humanité avec le sentiment de la plus vive bienveillance. Elle supplia Montoni d’accorder à Morano, dans le château, le secours que demandoit son état. Montoni, qui rarement écoutoit la pitié, sembloit en ce moment être affamé de vengeance. Avec la cruauté d’un monstre, il ordonna pour la seconde fois, que son ennemi vaincu fût enlevé du château dans l’état où il étoit ; et les environs couverts de bois, offroient à peine une chaumière