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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/123

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mari. Ils faisoient route par des déserts comme celui-ci. Cela convenoit bien merveilleusement au signor. Il surveilla le temps du départ, et envoya quelques hommes après eux avec des instructions. Ils se tinrent à une certaine distance, jusqu’à ce qu’ils vissent leur belle ; ce ne fut que le second jour. Le personnage dépêcha son valet jusqu’à la ville prochaine, peut-être pour avoir des chevaux. Les hommes du signor doublèrent le pas, et atteignirent la voiture dans un fond entre deux montagnes, où les bois empêchoient que les serviteurs pussent rien voir. En arrivant, nous fîmes feu, nous manquâmes.

Emilie devint pâle à ces mots. Elle se flatta qu’elle avoit mal entendu. Bertrand continua son récit.

— Le cavalier fit feu aussi ; mais il fut bientôt désarmé. Comme il tournoit la tête pour rappeler ses gens, il fut frappé (ce fut le coup le plus adroit dont j’aie jamais été témoin) ; il fut frappé au dos de trois stylets à la fois. Il tomba, et fut achevé dans la minute. La dame nous échappa. Les domestiques avoient entendu le feu ; ils l’enlevèrent avant qu’on eût le temps d’y penser. Bertrand, dit le signor, quand la troupe fut de retour…