Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/124

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— Bertrand ! s’écria Emilie pâle d’horreur, et ne perdant pas une syllabe.

— Est-ce que j’ai dit Bertrand ? reprit l’homme embarrassé. Non, Giovani. Mais j’ai oublié où j’en étois. Bertrand, dit le signor…

— Bertrand encore ! dit Emilie d’une voix mourante. Pourquoi donc répétez-vous ce nom ?

Bertrand jura. — Et qu’importe, dit-il, comment s’appeloit cet homme. Bertrand, Giovani, Roberto ; c’est égal. Vous m’avez dérangé deux fois avec cette question. Bertrand ou Giovani, ou ce que vous voudrez… Bertrand, dit le signor, si tous vos camarades avoient fait leur devoir comme vous, je n’aurois pas perdu la dame. C’est bien, mon brave, amusez-vous avec ceci. Il lui donna une bourse d’or ; et c’étoit peu en comparaison du service qu’on lui avoit rendu.

— Oui, oui, dit Ugo ; c’étoit peu, c’étoit peu.

Emilie respiroit avec difficulté, et pouvoit à peine se soutenir. Lorsque d’abord elle avoit vu ces hommes, leur extérieur, leur liaison avec Montoni, avoient suffi pour lui inspirer de la défiance. Mais à présent, quand l’un d’eux s’avouoit lui-même pour un meurtrier ; quand, aux approches de la