Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/145

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Épuisée de larmes, elle se jeta sur son petit lit, et céda enfin au sommeil. Un coup frappé à sa porte, ne tarda pas à l’éveiller. Elle entendit une voix, et tressaillit de terreur. L’image de Bertrand, un stylet à la main, s’offrit à son cerveau troublé. Elle n’ouvroit point, ne répondoit point, et gardoit un profond silence. La voix enfin ayant tout bas répété son nom, elle demanda qui l’appelait. — C’est moi, signora, reprit la voix ; c’étoit celle de Maddelina. De grâce, ouvrez la porte ; n’ayez pas peur, c’est moi.

— Qui vous amène si tard, Maddelina ? dit Emilie en la faisant entrer. — Chut ! signora ; pour l’amour de Dieu, ne faisons pas de bruit. Si l’on nous entendoit, on ne me le pardonneroit pas. Mon père, ma mère, et Bertrand, sont couchés, dit-elle en refermant la porte. Je vous apporte à souper, signora. Vous n’avez pas soupé en bas. Ce sont des raisins, des figues, et un demi-verre de vin. Emilie la remercia, mais témoigna sa crainte qu’elle ne fut exposée au ressentiment de Dorine, quand on s’apercevroit que le fruit étoit ôté. — Reprenez-le, Maddelina, dit Emilie ; je souffrirai moins en ne l’acceptant pas, que je n’aurois à souffrir si votre bonté mécontentoit votre mère.