Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/146

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— Ô signora ! il n’y a point de danger, reprit Maddelina. Ma mère ne s’en apercevra point. C’est de mon souper. Vous me rendriez malheureuse si vous me refusiez, signora. — Emilie fut tellement attendrie de la générosité de cette bonne fille, qu’elle demeura sans réplique. Maddelina qui la regardoit, se méprit à son émotion. — Ne pleurez pas, signora, lui dit-elle. Ma mère est un peu vive ; mais c’est bientôt passé. Ne le prenez pas si fort à cœur. Elle me gronde bien souvent ; mais j’ai appris à le souffrir ; et si je peux, quand elle a fini, m’échapper dans les bois, et jouer des castagnettes, je l’oublie tout aussitôt.

Emilie sourit malgré ses larmes. Elle dit à Maddelina qu’elle avoit un bon cœur, et elle accepta son présent. Elle désiroit beaucoup de savoir si Bertrand et Dorine avoient parlé de Montoni et de ses desseins en présence de Maddelina ; mais elle se refusa à séduire cette innocente fille, et à lui faire trahir les entretiens de ses parens. Quand elle se retira, Emilie la pria de venir chez elle aussi souvent qu’elle l’oseroit, sans offenser sa mère. Maddelina le promit, et s’éloigna très-doucement.

Plusieurs jours se passèrent. Emilie restoit dans sa chambre. Maddelina venoit seu-