Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/160

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portez la lumière, dit Bertrand ; j’ai donné contre quelque chose qui sonne. — Ugo porta la torche : ils virent une cuirasse d’acier percée de part en part, et dont les bords étaient teints de sang. Bertrand la releva ; mais Emilie ayant demandé qu’on ne s’arrêtât point, Bertrand, après quelques plaisanteries cruelles sur l’infortuné à qui elle avoit appartenu, rejeta la cuirasse sur l’herbe, et poursuivit son chemin.

À chaque pas, Emilie trembloit de rencontrer quelque vestige de mort. On arriva bientôt à une lacune des bois ; Bertrand s’arrêta pour en examiner la place. Les futaies magnifiques qui naguère en faisoient l’ornement, n’étoient maintenant qu’un amas confus de troncs et de branches. Ce lieu sembloit surtout être devenu fatal aux assiégeans ; la destruction des arbres annonçoit que le feu le plus vif y avoit été dirigé. Comme Ugo penchoit son flambeau, l’acier brilla entre les feuilles. La terre, sous ces débris, étoit jonchée d’armes et de vêtemens, et Emilie s’attendoit presqu’à y voir des membres ou des corps humains. Elle pria ses guides de poursuivre ; trop occupés de leur examen, ils ne l’entendirent même pas. Elle détourna les yeux de ce spectacle de désolation, les leva sur le