Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/163

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mon pauvre garçon, tu aurais dû être avec nous ; cela t’auroit donné un peu de cœur.

— Ah ! vous revenez à vos mauvais propos, dit Bertrand d’un ton sinistre. Il est heureux pour toi que le château soit si près, tu aurois vu que j’ai tué mon homme plus d’une fois. — Ugo se mit à rire, et continua le récit du siège. Emilie écoutoit ; et pendant qu’il parloit, elle fut frappée du contraste entre l’état actuel de ce lieu et celui où il avoit été.

Le bruit confus du canon, des tambours, des trompettes, les gémissemens des vaincus, les cris d’allégresse des vainqueurs, avoient fait place à un silence si complet, qu’il sembloit que la mort eût triomphé tout à la fois et des vainqueurs et des vaincus. Le délabrement d’une des tours du portail, ne confirmoit nullement la forfanterie d’Ugo, qui avoit parlé d’une lâche fuite. Il étoit évident que l’ennemi avoit tenu, et qu’il avoit causé un grand désordre avant sa retraite. Autant qu’un clair de lune vaporeux permettoit d’en juger, la tour étoit ouverte de tous côtés, et ses fortifications étoient presque toutes renversées. Pendant qu’elle regardoit, une lumière parut derrière un des créneaux. Les trous de la muraille laissèrent distinguer un soldat qui