Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/164

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remontoit, avec une lampe, par un petit escalier pratiqué dans la tour. Elle reconnut cet escalier pour celui où elle avoit passé pendant la nuit, quand Bernardin la trompa par l’espérance de voir madame Montoni. Son imagination sentit encore, un ébranlement de l’effroi qu’elle y avoit eu. Elle étoit près des portes ; le soldat ouvrit la chambre du portail, et la lampe lui laissa distinguer dans les ténèbres cet effroyable appartement. Elle succomba presqu’à l’horreur de ses pensées, en se souvenant du rideau qu’elle avoit tiré, et de ce qu’elle avoit vu derrière.

Peut-être, se disoit-elle, peut-être cette chambre sert maintenant à une pareille destination ; peut-être à cette heure sinistre ce soldat va-t-il y veiller le corps de son ami ! Les foibles restes de son courage l’abandonnèrent ; l’avenir et le passé l’accabloient à la fois. Le destin de madame Montoni sembloit trop lui prédire le sien. Elle songeoit que la cession des biens du Languedoc, en satisfaisant l’avarice de Montoni, n’appaiseroit pas sa vengeance ; il lui faudroit un affreux sacrifice. Elle pensoit même qu’en signant l’abandon, la crainte de la justice pourroit conduire Montoni à la retenir prisonnière, ou même à lui ôter la vie.