Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forçoit de croire que Montoni se proposoit réellement de la renvoyer en France, aussitôt qu’il se seroit assuré ses biens, et qu’il saurait en attendant la garantir de toute insulte. Son principal espoir néanmoins, c’étoit Ludovico : elle ne doutoit pas de son zèle, quoiqu’il parût lui-même trop peu compter sur le succès ; elle avoit un motif aussi pour s’applaudir. Sa prudence, ou plutôt ses craintes, l’avoient empêchée de prononcer à Montoni le nom de Valancourt ; elle avoit été mille fois au moment de le faire avant de signer, et de stipuler sa délivrance, si réellement il étoit prisonnier ; mais si elle l’eût fait, les craintes jalouses de Montoni n’eussent fait que rendre plus pesans les fers de Valancourt ; et peut-être eût-il trouvé de l’avantage à le tenir captif toute sa vie.

Ce triste jour se passa comme tant d’autres s’étoient écoulés, dans la même chambre. Quand la nuit vint, Emilie se seroit retirée chez Annette, si un plus fort intérêt ne l’eût retenue chez elle, en dépit de ses frayeurs : quand tout seroit calme et que l’heure ordinaire seroit venue, Emilie se proposoit d’attendre le retour de la musique. Ces accords ne pouvoient l’assurer positivement que Valancourt fût dans le