Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/186

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ma sa fenêtre, et s’efforça d’attendre patiemment. Elle essaya d’assujétir la porte de l’escalier avec des meubles, comme déjà elle l’avoit fait ; mais ces craintes lui firent comprendre combien cet expédient arrêteroit peu la force et la persévérance de Verezzi. Elle regardoit une grande et pesante armoire, et désiroit qu’Annette et elle eussent la force de la mouvoir. Elle accusoit la lenteur d’Annette, qui restoit avec Ludovico et les domestiques, sans venir la trouver. Elle ralluma son feu pour égayer un peu sa chambre ; elle prit un livre et se plaça auprès. Mais tandis que ses yeux lisoient, son cœur et ses pensées étoient à Valancourt et à ses propres malheurs. Elle pensa, dans un moment où le vent ne faisoit pas de bruit, avoir distingué de la musique. Elle alla écouter, mais les sifflemens redoublés étouffèrent tout autre son. Dans un nouveau calme, elle entendit distinctement les douces cordes d’un luth. La tempête se releva encore, et dissipa les notes ; mais quand elle se fut appaisée, tremblante d’espoir et de crainte, Emilie ouvrit sa fenêtre pour écouter, et pour tenter d’être entendue du musicien. Endurer plus long-temps les tourmens de l’incertitude au sujet de Valancourt, lui paroissoit entièrement