Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/187

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impossible. Il régnoit un si grand silence, qu’elle pouvoit distinguer au-dessous d’elle les tendres accens de ce luth, accompagnés d’une voix plaintive, et rendus plus touchans par le murmure sourd des vents éloignés, qui rasoient la surface des bois, et finissoient par tout ébranler.

Emilie écoutoit avec respect, avec espoir, avec effroi ; elle retrouva la douceur mélodieuse du luth et de la voix qu’elle connoissoit. Convaincue que les sons partoient d’en bas, elle se pencha pour découvrir une lumière ; mais les fenêtres, en bas aussi bien qu’au-dessus, étoient enfoncées à tel point dans les murs épais du château, qu’elle ne pouvoit les voir, ni saisir même la clarté foible qui brilloit sans doute derrière leurs barreaux. Elle essaya d’appeler ; le vent portoit sa voix à l’extrémité de la terrasse ; la musique continuoit, et dans les intervalles du vent, on en entendoit les accords. Soudain elle crut entendre un bruit dans sa chambre même ; elle se retira précipitamment de la fenêtre, et le moment d’après, elle distingua la voix d’Annette à sa porte. Elle jugea que c’étoit elle qu’elle avoit entendue, et lui ouvrit. — Allez, doucement jusqu’à la fenêtre, Annette, lui dit-elle, et écoutez avec moi ; la musique est