Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/190

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de sa joie. Annette n’avoit pas perdu la parole ; elle continua de crier, et ne reçut aucune réponse. Craignant qu’une plus longue recherche, à cette heure très-dangereuse, ne fût remarquée par les gardes, et n’aboutît à rien, Emilie insista pour qu’elle cessât les épreuves, et se détermina à questionner Ludovico le lendemain avec plus de détails qu’elle n’avoit fait la veille ; sûre que l’étranger étoit encore au château, elle pouvoit diriger Ludovico à la partie qu’il habitoit.

Emilie et Annette se tinrent long-temps à la fenêtre ; mais tout resta dans le calme. Elles n’entendirent ni luth ni voix, et Emilie se trouva aussi oppressée de la joie, qu’elle l’avoit été par le sentiment de ses malheurs. Elle traversoit la chambre à pas précipités, appelant à demi-voix Valancourt, et retournoit à la fenêtre, où elle n’entendoit que le murmure du vent dans l’épaisseur des bois. Quelquefois son impatience d’entretenir Ludovico l’engageoit à dire à Annette de l’appeler. L’inconvenance de cette démarche, à minuit, la retenoit. Annette, pendant ce temps, aussi impatiente que sa maîtresse, alloit aussi souvent à la fenêtre pour écouter, et revenoit presqu’aussi consternée… À la fin, elle parla du signor