Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/189

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la retenir ; elle crioit toujours plus fort, et tout à coup la voix et l’instrument cessèrent. Emilie écouta quelque temps dans une attente insupportable. Personne ne répondit. — Cela ne fait rien, mademoiselle, dit Annette ; c’est le chevalier, et je veux lui parler. — Non, non, Annette, dit Emilie ; je veux moi-même lui parler. Si c’est lui, il reconnoîtra ma voix, il parlera. Qui est-ce, dit-elle, qui chante si tard ?

Il se fit un très-long silence. Elle répéta et distingua de foibles accens ; mais le vent les confondit : d’ailleurs, ils venoient de si loin, ils passèrent si vîte, qu’elle pouvoit à peine les entendre, beaucoup moins en distinguer le sens, ou en reconnoître la voix. Après une nouvelle pause, Emilie appela encore ; elles entendirent une voix aussi foible qu’auparavant ; elles s’aperçurent que la force et la direction du vent n’étoient pas les seules causes qui l’étouffassent. La profondeur des fenêtres nuisoit plus que la distance. On entendoit en général des sons, mais les articulations ne pouvoient parvenir. Emilie osa penser que, puisque l’on n’avoit répondu qu’à sa voix, l’étranger étoit Valancourt sans doute ; il l’avoit reconnue. Elle se livra aux transports