Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/201

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table. — Ils sont occupés pour la nuit, se dit-elle, et Valancourt sera bientôt ici. Elle referma doucement sa porte, et parcourut sa chambre avec l’agitation et l’impatience. Elle alloit à sa fenêtre écouter si le luth résonnoit. Tout gardoit le silence ; son émotion croissoit à chaque moment. Incapable de se soutenir, elle s’assit auprès de sa fenêtre. Annette, qu’elle avoit retenue, étoit pendant ce temps-là aussi bavarde que de coutume ; mais à peine Emilie entendit-elle un seul mot de ses discours. Elle avança la tête hors de la fenêtre, et alors elle entendit le luth qui rendoit une expression touchante, et que la voix accompagnoit.

Emilie ne put retenir des larmes de joie et de tendresse. Quand la romance fut achevée, elle la considéra comme un signal ; il annonçoit que Valancourt alloit sortir. Bientôt elle entendit marcher ; c’étaient les pas vifs et légers de l’espérance. Elle pouvoit à peine se soutenir. On ouvrit la porte ; elle courut au-devant de Valancourt, et se trouva entre les bras d’un homme qu’elle n’avoit jamais vu. La figure, le son de voix de l’étranger, tout à l’instant la détrompa ; elle tomba sans connoissance.

En revenant à elle, elle se trouva soute-