Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre nom, monsieur, dit-il à l’étranger, cette méprise n’eût point eu lieu. — Il est vrai, lui dit l’étranger en mauvais italien ; mais il étoit fort important pour moi que mon nom demeurât ignoré de Montoni. Madame, ajouta-t-il, en s’adressant en français à Emilie, permettez-moi un mot d’apologie pour la peine que je vous occasionne. Souffrez que j’explique à vous seule, et mon nom, et les circonstances qui m’ont jeté dans l’erreur. Je suis Français ; je suis votre compatriote. Nous nous trouvons dans une terre étrangère. Emilie essaya de se remettre. Elle hésitoit pourtant à lui accorder sa demande ; à la fin elle pria Ludovico d’aller attendre sur l’escalier ; elle retint Annette, et dit à l’étranger que cette fille entendoit mal l’italien, et qu’il pourroit lui communiquer en cette langue ce qu’il désiroit lui confier. Ils se retirèrent dans une extrémité du corridor, et l’étranger lui dit, avec un long soupir : — Vous, madame, vous ne m’êtes pas inconnue, quoique je sois assez malheureux pour l’être moi-même à vos yeux. Je me nomme Dupont, je suis Français, de Gascogne, votre province natale. Depuis long-temps je vous admire ; que dis-je, et pourquoi le déguiser ? depuis long-temps je vous adore. Il s’arrêta quelque