Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/45

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mais le murmure des bois et le sommeil de la nature adoucirent graduellement les émotions qu’elle ressentait, et soulagèrent enfin son cœur jusqu’à lui faire verser des larmes.

Elle resta à pleurer pendant assez long-temps sans suivre aucune idée, et ne conservant que le sentiment vague des malheurs qui pesoient sur elle. Quand à la fin elle ôta le mouchoir de ses yeux, elle aperçut devant elle, sur la terrasse, la figure qu’elle avoit déjà observée. Elle étoit immobile et muette en face de sa fenêtre. En la voyant, elle tressaillit, et la terreur, pour un moment, surmonta sa curiosité. Elle revint ensuite à la fenêtre, et la figure y étoit encore, elle put l’examiner, mais non pas lui parler, comme d’abord elle se le proposoit. La lune étoit brillante, et l’agitation de son esprit étoit peut-être l’unique obstacle à ce qu’elle distinguât nettement la figure qui étoit devant elle. Cette figure ne faisoit aucun mouvement, et Emilie douta qu’elle pût être animée. Toutes ses pensées errantes se recueillirent alors ; elle jugea que sa lumière l’exposoit au danger d’être vue : elle alloit la changer de place, quand la figure fit un mouvement, lui tendit quelque chose qui ressembloit à une main, comme pour la