Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/46

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saluer ; et pendant qu’elle restoit immobile de crainte et de surprise, le geste se répéta. Elle essaya de parler ; les mots expirèrent sur ses lèvres ; elle sortit de la fenêtre pour écarter sa lampe, et entendit un foible gémissement. Elle écouta sans oser revenir ; elle en entendit un second.

— Grand Dieu, dit-elle, qu’est-ce que cela veut dire ?

Elle écouta encore, mais n’entendit plus rien. Après un fort long intervalle, elle eut assez de courage pour revenir à la fenêtre ; elle revit la figure. Elle en reçut un nouveau salut, et entendit de nouveaux soupirs.

— Ce gémissement est bien sûrement humain ! Je veux parler, dit-elle. Qui est là ? cria Emilie d’une voix foible ; qui se promène à une telle heure ?

La figure releva la tête ; mais aussitôt elle tressaillit, et se glissa sur la terrasse. Emilie la suivit des yeux, et la vit au clair de lune qui se déroboit légèrement. Elle n’entendit marcher que lorsque la sentinelle s’avança à pas lents. L’homme s’arrêta sous sa fenêtre, et l’appela par son nom ; elle alloit se retirer. Un second appel l’engagea à répondre. Le soldat lui demanda avec respect si elle n’avoit rien vu passer. Elle répondit qu’elle avoit cru voir quelque