Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/49

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ce que j’ai vu, ni comment cela a disparu, dit le soldat, qui sembloit frissonner à ce souvenir.

— Est-ce la personne que vous suiviez sur le rempart, qui vous a causé cette alarme ? dit Emilie, en tâchant de cacher la sienne.

— La personne ! cria l’homme, c’étoit le diable, et ce n’est pas la première fois que je l’ai vu.

— Ce ne sera pas la dernière, dit en riant un de ses camarades.

— Non, non. Je ne voudrois pas le garantir, dit un autre.

— Bon, reprit le soldat, moquez-vous tant qu’il vous plaira ; vous n’étiez pas si gai, vous, Sébastien, quand, l’autre nuit, vous étiez de garde avec Lancelot !

— Lancelot n’a pas à se vanter, dit Sebastien : qu’il se souvienne à quel point il trembloit, et se trouvoit incapable de donner le mot, jusqu’à ce que l’homme eût disparu. Si l’homme n’étoit pas venu si secrètement sur nous, je l’aurois bien saisi, et lui aurois fait dire ce qu’il étoit.

— Quel homme ? demanda Emilie.

— Ce n’étoit pas un homme, mademoiselle, dit Lancelot ; c’étoit le diable, comme dit mon camarade. Quel homme, hors ceux de ce château, pourroit venir au rempart à