Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/58

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— Il dit que c’est un présage, mademoiselle, et que cela n’annonce rien de bon.

— Et quel mal cela peut-il prédire ?

— Il n’en sait pas si long, mademoiselle.

Que ce présage alarmât ou non Emilie, il est toujours certain qu’elle sentit un grand soulagement en découvrant que cet homme qui passoit n’étoit qu’un soldat de la garde ; elle pensa aussitôt que c’étoit peut-être lui, qui, la nuit précédente, lui avoit causé une aussi vive alarme. Il y avoit néanmoins des circonstances essentielles qui avoient besoin d’explication. Autant qu’au clair de lune elle en pouvoit juger, la figure qu’elle avoit remarquée, ne ressembloit à cet homme ni pour la taille ni pour la forme, et, de plus, ne portoit point d’armes. La légèreté de ses pas, si même c’étoit des pas, ses gémissemens, son étrange fuite, étoient autant de mystères qui ne pouvoient s’accorder avec l’état d’un soldat de la garde.

Elle demanda alors à la sentinelle si elle avoit vu quelqu’un autre que son compagnon se promener à minuit autour de la terrasse, et elle lui raconta alors en très-peu de mots ce qu’elle-même avoit observé.

— Je n’étois pas de garde hier, mademoiselle, reprit le soldat ; mais j’ai appris ce qui étoit arrivé. Il y en a parmi nous qui