Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

selle, dit Annette, avec deux signors. J’ai été bien contente, je vous jure, de voir encore quelques visages chrétiens. Mais que prétendent-elles en venant ici ? il faut qu’elles soient bien folles pour venir dans un lieu pareil ; et elles y viennent très-librement, car je me flatte qu’elles sont assez gaies.

— On les a fait prisonnières peut-être ! dit Emilie.

— Fait prisonnières ! s’écria Annette ; oh ! non, mademoiselle ; non, non, elles ne le sont pas. Je me souviens bien d’avoir vu une d’entr’elles à Venise. Elle est venue deux ou trois fois à la maison. Vous le savez, mademoiselle, et on disoit, mais je n’en crois pas un mot, on disoit que monsieur l’aimoit plus qu’il n’auroit fallu. Pourquoi, dans ce cas, disois-je, pourquoi la conduire chez madame ? C’est vrai, disoit Ludovico ; mais il avoit bien l’air d’en savoir davantage.

Emilie pria Annette de s’informer avec détail de ce qu’étoient ces dames, et de tout ce qui avoit rapport à elles. Ensuite elle changea de sujet, et parla de la France.

— Ah ! mademoiselle, nous ne la verrons plus, dit Annette presqu’en pleurant. Je me repens bien de mes voyages.