Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/77

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Emilie essaya de la consoler et de l’égayer, en lui donnant une espérance qu’elle osoit à peine concevoir.

— Oh ! comment, comment, mademoiselle, avez-vous pu laisser la France et quitter M. de Valancourt ? disoit Annette en sanglotant. Je… je suis sûre que si Ludovico avoit été en France, je ne m’en serois pas éloignée.

— Pourquoi vous plaignez-vous d’avoir quitté la France ? dit Emilie qui s’efforçoit de sourire ; si vous y étiez restée, vous n’auriez pas trouvé Ludovico.

— Ah ! mademoiselle, je désire seulement me voir dehors de cet affreux château, et vous servir en France ; je ne demande rien autre chose.

— Je vous remercie, ma bonne Annette, de ce témoignage d’affection. Le temps viendra, j’espère, où vous vous souviendrez avec plaisir d’avoir formé un pareil vœu.

Annette sortit pour aller aux informations, Emilie chercha à oublier ses inquiétudes en se livrant aux scènes imaginaires que les poètes ont aimé à peindre. Elle put encore s’apercevoir de l’irrésistible empire du moment sur le goût et les facultés. Il faut que l’esprit soit libre pour goûter même les plaisirs les plus abstraits. L’enthousiasme