Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/82

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— Pourquoi m’appeler cruel ? dit l’homme. Je voudrois vous tirer de cette solitude affreuse, et vous mener dans une société riante. Ne me connoissez-vous pas ?

Emilie se ressouvint alors faiblement qu’il étoit un des officiers qui se trouvoient rangés autour de Montoni le matin qu’elle l’alla trouver. — Je vous rends grâce d’une si bonne intention, répliqua-t-elle sans paroître le comprendre ; mais ce que je désire le plus, c’est que vous me lâchiez à cet instant.

— Charmante Emilie, lui dit-il, abandonnez ce goût de solitude. Suivez-moi dans la compagnie, et venez éclipser toutes les beautés qui la composent ; vous seule méritez mon amour. — Il essaya de baiser sa main ; mais la force de l’indignation lui donna celle de se dégager, et elle se sauva dans sa chambre. Elle en ferma la porte avant qu’il y fût arrivé. Elle se barricada, et se jeta sur une chaise, épuisée de frayeur et d’efforts. Elle entendoit sa voix et ses essais pour ouvrir cette porte, sans avoir la force de se lever. Elle aperçut enfin qu’il s’étoit éloigné ; elle écouta long-temps, n’entendit aucun son, et se sentit ranimée. Mais elle se rappela subitement la porte du petit escalier, par laquelle il pourroit pé-