comme un chien suit le boucher qui porte de la viande. Je vis tout cela par la serrure.
— Eh bien ! Annette, disoit en riant Ludovico, voulez-vous qu’on vous laisse aller ? Oh ! non, disois-je, je ne le veux pas.
— J’ai d’autres questions à vous faire, dit Emilie fatiguée de cette histoire. Sauriez-vous, par hasard, s’il est des prisonniers dans le château, et s’ils sont enfermés dans cette partie du bâtiment ?
— Je n’étois pas en bas, mademoiselle, dit Annette, quand la première troupe revint de la course, et la dernière n’est pas encore de retour ; ainsi j’ignore s’il y a des prisonniers : mais on l’attend ce soir ou demain, et alors je le saurai peut-être.
— Emilie s’informa si les domestiques avoient parlé de prisonniers.
— Ah ! mademoiselle, dit Annette assez finement ; maintenant je l’ose dire, vous pensez à M. Valancourt. Vous croyez qu’il est venu avec les troupes qu’on dit arrivées de France, pour faire la guerre à ce pays-ci. Vous croyez qu’il a rencontré de nos gens, et qu’ils l’auront fait prisonnier. Oh ! seigneur, que je serois contente si c’étoit vrai !
— Vous en seriez contente ? dit Emilie avec un accent de tristesse et de reproche.