Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/107

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je dois aussi désirer de l’oublier. Elle fit une pause, et ajouta : Vous m’affligez ; mais ce moment n’est pas celui d’en demander davantage. Cependant, comment puis-je supporter même un instant l’idée que vous êtes moins digne de mon estime ? Je me fie assez à votre candeur pour croire que vous me donnerez une explication quand je pourrai vous la demander. — Oui, lui dit Valancourt, oui, Emilie. Je n’ai pas perdu ma candeur ; si je l’avois perdue, j’aurois mieux déguisé mes émotions en apprenant vos souffrances, vos vertus. Tandis que moi, moi… Mais je ne veux pas en dire plus long ; je ne croyois pas en dire autant ; je me suis trahi par les reproches que je m’adresse à moi-même. Dites-moi, Emilie, que vous n’oublierez jamais le voyage des Pyrénées, que vous ne désirerez jamais de l’oublier, et je serai tranquille. Je ne voudrois pas, pour l’univers entier, en perdre le souvenir.

Quelle contradiction ! dit Emilie, Mais on peut nous entendre. Mon souvenir dépendra du vôtre ; je m’efforcerai de le perdre ou de le conserver, comme il vous arrivera de le faire. Allons rejoindre le comte. — Dites-moi d’abord, dit Valancourt, que vous me pardonnez la peine que je vous ai